Semaine beaucoup plus intéressante que les précédentes, et un peu plus mouvementée sur les marchés.
D’abord avec la publication d’un indicateur de l’industrie Services aux États-Unis, sorti largement en dessous des attentes à 51.4 contre 54.9 attendu, soit le chiffre le plus faible depuis 2010. Logiquement, après un indicateur manufacturier déjà en dessous des attentes et une croissance américaine décevante au premier semestre, les anticipations de hausse de taux aux États-Unis ont largement diminué, et l’ensemble des taux a baissé.
L’évènement le plus attendu de la semaine a eu lieu jeudi : réunion de la Banque centrale européenne (BCE). Les marchés attendaient :
- Au mieux une annonce d’extension du programme de rachat d’actifs après mars 2017, avec modifications techniques et potentielle baisse de taux
- Au pire une annonce de modifications techniques couplée à une sorte de pré annonce d’extension du programme de rachat
Ils n’ont rien eu du tout, monsieur Draghi (Président de la BCE) réitérant les messages de la dernière réunion et ne donnant pratiquement aucune indication quant à la prolongation de son programme. Il a aussi eu une communication moins alarmiste que prévu concernant les trajectoires de croissance et d’inflation, disant que l’ajustement était en cours et que la politique monétaire de la BCE fonctionnait très bien.
Quel résultat ? Le marché commence à se dire que l’institution européenne sera potentiellement moins accommodante que prévu… du coup, les taux montent d’environ 15-20bps et les actions baissent un peu, la bourse américaine affiche une baisse de 1% aujourd’hui, ce qui ne lui était plus arrivé depuis le Brexit.
Cela fait plusieurs semaines que nous communiquons sur le fait que ce marché est potentiellement dangereux :
- Tous les modèles systématiques sont acheteur de risque, de matières premières, de taux et d’actions américaines
- La volatilité est très basse, et le marchés est extrêmement vendeur de volatilité
- La corrélation entre les actifs monte graduellement
- Les actifs obligataires sont très chers (même s'il est vrai que cela fait un moment que cela dure…)
- La rentabilité des sociétés financières américaines est en baisse, et les marchés à risque sont tirés en haut par la baisse des rendements obligataires (prime de risque relative)
Bref, les conditions sont réunies pour qu’une correction ait lieu, avec un marché de taux qui corrige, un marché actions qui baisse, une volatilité qui monte et potentiellement des modèles systématiques qui sont obligés de s’ajuster, ce qui aura pour effet d’amplifier le stress.
Cela ne va pas forcément se passer ainsi, on peut avoir une BCE au ton favorable à une nouvelle baisse des taux cette semaine, ce qui viendrait calmer tout cela, mais le scénario de baisse est selon nous le plus probable aujourd’hui.
Chose très étrange, les devises se comportent à l’envers de ce que nous aurions anticipé étant donné l’environnement. Une Réserve fédérale attentiste et une BCE moins accommodante que prévu, logiquement, cela aurait dû se traduire par une hausse de l’euro contre le dollar. Pourtant, c’est l’inverse qui se passe. Et même chose sur le Yen au Japon.
Chaque semaine l'Essentiel Marchés vous propose une analyse des dernières actualités financières par François Rimeu, Responsable du Pôle Total Return La Française Asset Management.