A mesure que la campagne électorale américaine s'intensifie, nous anticipons de plus en plus de volatilité sur les marchés

08 juin 2020

par Fabrice Jacob, CEO JK Capital Management Ltd., société du Groupe La Française basée à Hong Kong

Donald Trump est-il un tigre de papier ? C'est un sentiment croissant en Asie alors que nous assistons à sa diatribe quotidienne contre le gouvernement chinois qui ressemble de plus en plus à une stratégie électorale pour battre Joe Biden en novembre qu’à autre chose. L’agressivité croissante des Etats-Unis envers la Chine, qui contraste de façon frappante avec le manque de réaction de Pékin, nous fait nous demander quelles mesures Trump pourrait prendre qui nuiraient suffisamment à la Chine pour la faire céder à ses demandes ? Et d’ailleurs, que demande Trump ? La réponse est tout sauf limpide. Réformer son système politique peut être ? Ce ne serait qu’un vœu pieux.

Une mesure prise en mai a ciblé Huawei. Cependant, les sanctions prises contre Huawei avaient été signalées longtemps auparavant au point que la société a eu beaucoup de temps pour stocker les puces américaines dont elle a besoin pour produire ses équipements de télécommunications 5G. Compte tenu des dommages que la Chine et les États-Unis pourraient se faire mutuellement si la Chine réagissait aux sanctions de Huawei en interdisant toutes les exportations de puces américaines vers la Chine, nous pensons qu'un accord sera probablement conclu avant que Huawei ne soit à court de composants américains. Le fait que le fabricant de puces de Huawei, TSMC, ait annoncé le même jour qu'il construira une usine d’USD 12mds en Arizona pour fabriquer des semiconducteurs, y compris très probablement des puces destinées à Huawei, n'est pas un hasard. Pékin a menacé pendant des mois de publier une liste de « sociétés non fiables » regroupant les entreprises américaines que la Chine est prête à bannir, et avait utilisé des journaux contrôlés par l'État pour chuchoter les noms de Boeing, Apple, Cisco et Qualcomm. 

Face à l’adversité de l’administration américaine, la stratégie chinoise consiste, de façon intéressante, à adopter une politique d’ouverture à l’égard des entreprises américaines. En effet, les investissements directs étrangers (IDE) des États-Unis en Chine sont approuvés de manière assez systématique et sont restés remarquablement stables à environ USD 15mds année après année. Un bon exemple est Tesla qui a ouvert en octobre dernier son usine d’USD 5mds avec des incitations financières substantielles fournies par la municipalité de Shanghai. A l’opposé, les IDE chinois aux Etats Unis se sont effondrés sans surprise, passant d’USD 46mds en 2017 à USD 5mds en 2019. 
 
Sur la question de Hong Kong pour laquelle Pékin a décidé ce mois-ci de promulguer une loi sur la sécurité nationale, la réaction de l'administration Trump a également été très bruyante mais manquant de substance. Punir Hong Kong, où 1200 entreprises américaines opèrent, et ses 7 millions d'habitants, qui sont plus des victimes que des agresseurs, manquerait la véritable cible du gouvernement Trump qui est la Chine. Et frapper directement la Chine pourrait se retourner contre les États-Unis si la Chine prenait des mesures contre les intérêts américains sur son sol. En d'autres termes, la Chine n'est ni l'Iran ni la Corée du Nord. La Chine et les États-Unis n’ont jamais eu plus besoin l'un de l'autre qu’aujourd’hui. C'est pourquoi nous ne souscrivons pas à la théorie largement répandue ces jours-ci d'une nouvelle guerre froide entre les deux pays. 

Si Trump voulait infliger un véritable coup à la Chine, il n'y aurait, à notre avis, qu'une seule décision à prendre : couper toutes les banques chinoises du dollar américain. Cela aurait un impact catastrophique sur la Chine et l'économie chinoise et déclencherait très probablement une crise mondiale, sinon une véritable guerre. Tant que les radicaux de Washington ne mentionnent même pas cette option « nucléaire », nous considérons la rhétorique anti-chinoise en cours comme une simple stratégie électorale.

En d'autres termes, d'ici novembre, nous anticipons qu’il y aura de plus en plus de bruit et de volatilité sur les marchés à mesure que la campagne électorale américaine s'intensifie. Néanmoins, le contexte géopolitique n'influencera pas notre approche d'investissement fondamentale et ne nous distraira pas de l'analyse macroéconomique que nous faisons de chaque pays de notre univers. Et sur ce front, la reprise post-COVID est en cours. Les ventes de voitures en Chine en avril ont augmenté de 4.4% en glissement annuel et devraient avoir connu une croissance à deux chiffres en mai. Les ventes immobilières en avril n'ont baissé que de 2.1% en glissement annuel, restant plus ou moins à leur niveau de 2019. Lors de son Congrès National du Peuple, la Chine a annoncé un plan de relance budgétaire de RMB 4,000mds qui porterait l’effort fiscal total à environ 4% du PIB, à peu près similaire à ce qu'il avait été pour répondre à la crise financière mondiale de 2009. Dans son discours de clôture, Li Keqiang, le Premier Ministre de la Chine, a clairement indiqué que des mesures de relance monétaire étaient à attendre par le biais de baisses des taux d'intérêt et d'une accélération de la croissance du crédit. Les grandes banques sont invitées par le gouvernement central à prêter 40% de plus cette année aux petites et moyennes entreprises que l'année dernière.

En dehors de la Chine, nous avons vu les taux d'intérêt baisser en mai de 25 points de base en Corée (à 0.50%) et de 40 points de base en Inde (à 4%). Nous avons été surpris par la décision de la banque centrale indonésienne de maintenir ses taux d’intérêt inchangés à 4.5% malgré l’impact du COVID-19 sur l’économie. C'est sans doute en partie la raison du fort rebond de la roupie. La devise a gagné 3.3% par rapport à l'USD en mai, portant son gain au cours des deux derniers mois à 10.7%. 

Source chiffres : Bloomberg

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