Opinions et Idées

Une visibilité des marchés financiers obscurcie

12 avril 2018

Depuis le début de l’année, des événements sont venus obscurcir la visibilité des marchés financiers.

Craintes protectionnistes contenues

Le président américain Donald Trump a tout d’abord annoncé des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, de respectivement 25% et 10%. Ces mesures ressemblent beaucoup à celles mises en place en 2002, à la différence que cette fois-ci, la plupart des pays ont été exemptés a posteriori. Au final, moins de 30% de ces importations américaines verront leurs taxes augmenter, principalement celles provenant de Chine et de Russie. L’acier et l’aluminium ne représentant que 2% des importations américaines, l’impact sera au pire marginal.

Le président américain a ensuite annoncé des taxes de 25% sur $50 mds d’importations chinoises, ce à quoi l’Empire du Milieu a répliqué par des mesures similaires sur les importations américaines. Il faut noter que ces annonces constituent la base de négociations qui devraient durer 2 mois environ. 

Quelle lecture faisons-nous de cette résurgence de protectionnisme ?

Ces annonces ont une vocation purement politique avec les élections de mi-mandat qui se profilent en fin d’année aux Etats-Unis. En l’état, ces mesures ne devraient pas avoir d’impact significatif sur la croissance mondiale : elles représentent $12,5 mds de taxes effectives, soit environ 0,1% des PIB respectifs chinois et américain.

Si les marchés peuvent rester volatils pendant encore plusieurs semaines, la croissance mondiale demeure bien orientée, et ce, en dépit de ces tensions géopolitiques (Syrie, Russie…).  

Ces facteurs, tels que les craintes inflationnistes aux Etats-Unis puis, dans un second temps, du risque de guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires, au premier rang desquels la Chine, ont cependant soutenu 

la baisse des taux des dettes souveraines, contrariant à court terme notre scénario de reconnexion du niveau des taux cœur aux fondamentaux économiques.

Des valeurs technologiques en difficulté sans risque systémique

Après des années de hausse quasi ininterrompue, les valeurs technologiques américaines sont depuis plusieurs semaines sous pression. Les problématiques sont multiples et en général spécifiques aux sociétés incriminées (Amazon, Facebook, Tesla…). Plusieurs questions se posent :

Les valeurs technologiques sont-elles chères ? Elles le sont sans doute un peu en première lecture avec des PER autour de 25-30, mais ces valorisations s’expliquent par des taux de croissance très importants. Nous ne sommes pas du tout dans une situation similaire à celle des années 1999-2000, la majorité de ces sociétés étant devenues aujourd’hui extrêmement rentables.

Certaines sociétés sont-elles en risque ? Il faut distinguer les business models établis, rentables (Amazon, Google, etc..) de ceux qui ne le sont pas encore (Tesla, Netflix, …) et dont les capitalisations boursières ne laissent que peu le droit à l’erreur. 

Dans son ensemble, le secteur technologique américain ne nous semble pas survalorisé mais certaines sociétés pourraient continuer à souffrir dans les mois qui viennent. Pour autant, nous pensons que cela ne devrait pas remettre en cause la progression des indices boursiers.

Fin de l’accélération de la dynamique de croissance

Le rythme de croissance en zone Euro et aux Etats-Unis avait clairement connu une phase d’accélération les derniers mois de 2017. Toutefois, les enquêtes de confiance, auprès des entreprises en particulier, et les chiffres d’activité publiés sur le T1 2018 (ventes au détail, production industrielle) ont été mitigés aux Etats-Unis et en dessous des attentes en Zone Euro après les pics atteints à la fin de l’année 2017. Les derniers chiffres d’inflation publiés dans ces deux zones sont ressortis comme attendu, à l’exception de l’inflation sous-jacente en zone Euro qui a légèrement déçu, sur un niveau de 1% en rythme annuel. 

Nous demeurons néanmoins en ligne avec le consensus sur la croissance de 2,4% en zone Euro en 2018 et légèrement en deçà des attentes du consensus sur la croissance américaine qui se situe à 2,8%. Notre conviction reste inchangée sur le fait que l’inflation américaine nous surprendra à la hausse dans les prochains mois.

L’économie au Royaume-Uni continue de bien résister au contexte politique du Brexit : seul le commerce extérieur la pénalise. Comme le Japon, la croissance dans ces deux pays devrait évoluer sur un rythme annuel de 1,4 à 1,5%.

Politiques monétaires accomodantes pour la BoJ et la BCE

Le premier comité de M. Powell comme Président de la Réserve fédérale américaine s’est déroulé comme nous l’attendions : hausse des taux de 25bp et relèvement des projections de taux Fed Funds jusqu’en 2020, en réponse à des perspectives économiques en amélioration. Tout ajustement futur de la politique monétaire dépendra des données économiques et notamment des prochains chiffres d’inflation. 

Le renouvellement de deux gouverneurs à la BoJ a clairement renforcé le caractère accommodant de la BoJ de ces dernières semaines. 

Enfin, les dernières projections économiques de la BCE sont désormais alignées avec le consensus sur 2018 mais l’inflation a été révisée en baisse en 2019, confirmant que la BCE ne prend aucun risque sur son scénario d’inflation. Elle a retiré son biais à toute augmentation de son programme d’achats, une étape que nous attendions.

Sur le front de la dette émergente

Notre scénario économique sur les pays émergents se confirme. Les perspectives de croissance pour l’année 2018 viennent renforcer celles de 2017 qui étaient un bon cru : 4,8% de croissance sur l’univers EM. 

La reprise observée en Amérique latine depuis 2 ans continue principalement en Argentine, au Brésil, en Colombie et devrait permettre de délivrer une croissance proche des 3% cette année sur le continent sud-américain. 

En Europe émergente ainsi qu’en Asie, l’activité bénéficie de la bonne reprise du commerce mondial ainsi que des politiques monétaires (Europe et Japon) toujours accommodantes. Cette reprise, observée depuis deux ans maintenant, se fait dans des conditions rarement vues dans les pays émergents. Le niveau d’endettement est très contenu en absolu (inférieur à 50% du PIB) ainsi qu’en relatif par rapport aux pays développés, les comptes extérieurs sont en moyenne positifs et les niveaux de réserves sont au plus haut (2500 milliards USD hors Chine). L’inflation, en moyenne à 3,3% en 2017 dans les pays émergents, n’a jamais été aussi basse et les banques centrales pourraient, s’il était besoin, assouplir encore leurs conditions monétaires.

Malgré des perspectives très positives pour les marchés obligataires émergents, la remise en cause d’accords commerciaux tels que l’ALENA (Accord de libre-échange Nord-Américain), les craintes de guerre commerciale via les mesures / menaces protectionnistes en provenance des Etats Unis, ainsi que des anticipations de normalisation plus rapides de la FED ont bout à bout contribué à fragiliser les perspectives initiales depuis mi-février.

La normalisation de la politique monétaire US devrait continuer sur un rythme en ligne avec les attentes du marché, sans occasionner de choc sur les marchés émergents.

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